Témoignage

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Témoignage – Justine, 30 ans.

Après 2 ans de travail plus qu’acharné en agence de publicité, j’avais l’impression d’avoir travaillé 15 ans sans vacances et sans avoir eu le temps de voir qui j’étais devenue. Car j’avais changé. Voici mon histoire.*

Je sortais de l’école et j’avais toujours obtenu d’excellents résultats scolaires. J’avais occupé plusieurs emplois étudiants où je ne recevais que des éloges de la part de mes collègues et supérieurs. J’ai appris à travailler fort très jeune et je n’ai jamais rien pris pour acquis. Je travaillais bien, j’étais organisée. Vous savez la fille qui classait ses dossiers dans le serveur de manière exceptionnelle et qui créait des documents et rapports parfaits ? C’était moi.

Je suis arrivée en agence de publicité. J’ai eu cette chance unique ! J’ai sauté à pieds joints dans cette aventure. Au début, j’ai eu un « buzz » intense. J’ai rencontré plein de gens extraordinaires et impressionnants. J’avais de bons commentaires de mes supérieurs et de mes collègues. J’apprends très vite, alors tout le monde était heureux parce que j’arrivais à récupérer des tonnes de projets qui avaient tous pris du retard. Plus je livrais, plus on me donnait de projets. Je me trouvais vraiment bonne. Les gens disaient que j’étais capable d’en prendre. Je ne voulais pas les décevoir. J’ai rapidement désappris à bien travailler. À sauter des étapes, à être moins ordonnée car sinon je n’y arrivais pas. À faire des erreurs. Ça, c’était dur à accepter pour moi. Je voulais tellement que mon travail soit apprécié. Chaque petite erreur ou reproche, j’ai commencé à les recevoir comme une attaque car je travaillais TELLEMENT FORT. Mon travail, c’était rendu MOI car je n’avais plus de vie à l’extérieur. C’est à ce moment que j’ai perdu le contrôle. J’ai perdu le contrôle de ma santé mentale. J’ai enduré, persisté, fait comme si tout allait s’arranger. Très longtemps. Trop longtemps pour mon corps. Un moment donné, c’est mon corps qui a parlé. Il a refusé de se lever le matin. Des larmes coulaient sur mes joues du matin au soir. J’essayais de me soigner, mais je savais que c’était tabou ce que je vivais alors j’avais tellement peur de mon retour au travail.

Je n’avais pas vraiment raconté mon histoire avant car je me suis fais jugée quand j’ai essayé d’en parler un peu. Jugée par les gens de mon âge, mais surtout par des gens plus âgés (Salut maman! Salut Sylvie mon ancienne collègue!).

« Moi aussi j’aurais aimé prendre des vacances comme toi. Mais je ne peux pas me le permettre. »

« Dans mon temps, on n’avait pas le luxe de se plaindre comme ça. Les jeunes d’aujourd’hui, vous n’êtes pas faits fort ! »

« Je sais que t’es en arrêt de travail, mais est-ce que tu pourrais assister à la réunion au téléphone et mettre tes problèmes personnels de côté ? »

Je n’ai pas encore mis le doigt sur la raison exacte de ce jugement et de cette incompréhension, mais ça ne devrait plus arriver. Pourquoi chercher les raisons ? Quand quelqu’un est malade, on devrait tous se tenir, en famille, et s’aider. Peut importe son âge, peut importe si ça fait longtemps que la personne travaille ou pas, peut importe si on comprend ce qui lui arrive ou si on comprend pas tout à fait. On devrait s’aider au lieu de continuer d’ignorer la souffrance ou, pire, l’envenimer.

Appelez le BEC si vous ne savez pas à qui parler. Personne ne sera au courant, si c’est cela qui vous effraie! Ce que je fais maintenant ? Je suis toujours en publicité. J’ai changé ma manière de travailler, mais surtout : J’écoute mon corps et mon cœur.

NDLR : Voici le numéro de notre ligne d’aide BEC : 1-888-355-5548  –  24h/7j – Gratuit et confidentiel.

* Certains noms ont été changés par respect de la volonté de la famille.

Par bec

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